Faire rire, c’est faire oublier. Quel bienfaiteur sur la Terre, qu’un distributeur d’oubli !  Feixing & Xuafing
    
    

Je n’en pouvais plus ! Je ne voulais pas épouser ce riche noble, fils du conseiller de l’empereur, il avait au moins 15 ans de plus que moi !

Énervé, j’étais sorti dans les jardins impériaux pour me calmer, la nuit leur apportant une tranquillité appréciable. Je m’assis par terre, dans l’herbe, me fichant de salir mes vêtements de soie brodée mis pour impressionner celui que ma mère appelait déjà "mon futur mari". Je ne voulais plus lui obéir, j’avais déjà tenté de séduire Yue-Wan pour elle, pas question que je fasse la même chose avec un autre homme pour avoir juste un peu plus de pouvoir. De toute façon, ce serait comme pour elle, je serais juste bon à sortir pour vanter ma beauté et à servir de serveur pendant que "les vrais hommes parleraient affaires". Comme si je n’étais pas un vrai homme… Je me mis à sangloter, en pensant à mon avenir et au fait que je n’étais que de la marchandise pour mes parents. Au fond, je ne servais à rien.

J’entendis soudain des pas se dirigeant vers moi et je me redressai, raide, espérant que ce n’était pas mon prétendant de 39 ans, ou même ma mère qui me tuerait en me voyant comme ça, assis par terre dans l’herbe. Les pas s’arrêtèrent derrière moi et une voix inconnue me parla.

"Bonsoir… puis-je m’asseoir ?"

Je fis un simple hochement de tête comme réponse, mon coeur s’accélérant sans que j’en comprenne la raison. L’homme s’assit donc, assez proche bien qu’à une distance raisonnable.

"Vous allez bien ? Vous avez pleuré ?

-Non, bien sûr que non, je n’ai pas pleuré ! me récriai-je en relevant la tête brusquement.

-Alors pourquoi avez-vous les yeux rouges et des traces sur les joues ?

-Si vous saviez, alors pourquoi demander ? Vous aimez rabaisser les autres, en fait !"

Je m’allongeai par terre négligemment, les bras croisés sous ma tête. Je n’avais pas peur de cet homme, je trouvais son aura et son énergie réconfortante et protectrice. J’avais envie de me blottir contre lui et de pleurer tout mon saoul. Mais ce n’était pas possible, contraire à l’étiquette. Quoi qu’avec notre nouveau Consort impérial, ça allait changer à mon avis !

Au bout de quelques minutes, je relevai doucement et timidement la tête pour regarder mon inconnu, resté silencieux. Je croisai son regard, comme il me fixait, et plongeai dedans. Je fus surpris par son identité. C’était le général dirigeant de l’armée impérial ! Je ne l’avais vu que quelques fois pendant mes visites au palais, mais j’avais entendu des rumeurs sur lui comme quoi il n’avait pas de coeur, comme ce qu’on disait de moi.

C’est là que je m’étais dit que nous avions beaucoup de choses en commun...